Psychologie de l'acquisition du second langage par Daniel P. Auld L'un des aspect les plus débattus de l'acquisition d'un second langage est le moment idéal pour en commencer l'aprentissage. Lenneberg fut le premier à évoquer la période critique de l'acquisition du langage, en suggérant que l'apprentissage le plus efficace d'un second langage se fait entre le début de l'enfance et la fin de la puberté (cité dans Newport, 1991 et Bernicot 1989). Il existe deux théories sur le changement cognitif qui a lieu pendant la période critique telle qu'elle est décrite par Newport (1991). La première considère qu'un domaine donné (tel que l'acquisition du langage) atteint le sommet de ses capacités d'apprentissage à un âge donné (l'enfance pour l'acquisition du langage), après quoi les possibilités d'atteindre la maîtrise du domaine en question diminuent avec le temps. La seconde avance que lorsqu'une personne est aux premiers stades de son développement cognitif, d'innombrables domaines restent à conquérir. Au fur et à mesure qu'elle se concentre sur un domaine précis, les mécanismes d'apprentissage gagnent en efficacité dans ce domaine tandis que les autres restent stagnants et non développés. Etant donné qu'il est possible de commencer l'étude d'un second langage à l'âge adulte et d'y acquérir des compétences, voire de le parler couramment, la seconde théorie semble plus adaptée pour expliquer la période critique de l'acquisition du langage. Un autre facteur intervenant dans la période critique est la différence des méthodes d'apprentissage entre adultes et enfants. Dans l'hypothèse « Less is More » de Newport (1991), les enfants ont de plus grandes facilités pour les langues car ils décomposent la langue en petits fragments et augmentent graduellement leurs compréhension et la quantité de matériau à exploiter au fur et à mesure de leur développement. Les adultes, en revanche, extraient des mots où des phrases entières et ont ensuite du mal à les assembler dans une langue étrangère (Newport, 1991) Reconnaissant que les adultes et les enfants ont une approche différente du langage, Chen et Leung (1989) ont classifié ces approches en trois groupes à partir de différentes expériences. Le premier groupe, basé sur l'association de mots, est une association directe de mot à mot du langage maternel au langage étranger, typique des adultes débutant une nouvelle langue. Le second se base sur la manipulation des concepts ; les deux langages constituent chacun un système intellectuel indépendant, reliés à travers un système conceptuel. Il est courant chez les enfants qui ont grandit en parlant deux langues. La troisième hypothèse est un mélange des deux premières ; les personnes concernées commencent par le mot à mot et vont progressivement vers la manipulation des concepts au fur à mesure du développement d'un système intellectuel indépendant pour le langage étranger. Plus spécifiquement, lorsqu'une personne atteint un certain niveau de maîtrise d'une langue étrangère, elle établit un système indépendant pour cette langue et ne dépends plus de sa langue maternelle pour la compréhension. Ce cas de figure est celui du novice dont l'expression gagne en fluidité jusqu'à atteindre le niveau d'un bilingue élevé avec ces deux langues.